Daniel Gergès Blog

Entrepreneurs techos : faut il développer vous même ?

Je suis en contact avec beaucoup d'entrepreneurs qui sont à un stade très amont de leur projet, dans cette phase qu'on appelle le bootstraping (l'amorçage).

Parmi ces entrepreneurs, la majorité est de formation ingénieur ou technique.

Bref. Des "techos" qui ont le pouvoir magique de programmer.

Ces entrepreneurs ont un avantage car il n'ont pas alors de trouver ce fameux "associé technique" pour développer la première version de leur service.

Mais être né au pays enchanté des techos n'a pas que des avantages et peut s'avérer délicat à gérer une fois la première version mise en ligne ou le premier prototype disponible.

Pourquoi ?

• Quand on code on a toujours autre chose à faire qu'à réfléchir à la commercialisation
• Ne pas développer soi même force à mettre un prix sur le développement
• Ne pas développer soi même force à être plus sélectif sur ce qu'on développe
• Ne pas développer soi même diminue le risque d'abandonner le projet faute de temps
• Ne pas développer soi même permet de se concentrer sur le fonctionnel du service et sur la valeur ajoutée.
• Coder demande de la concentration et est peu compatible avec le développement commercial.

Vous avez bien noté que je ne recommande pas de sous-traiter votre développement au début, lorsque chaque sou est compté.

Mais je pense sincèrement qu'intégrer tôt un développeur (stagiaire, prestataire, partenaire, associé...) voire externaliser une partie des développements (ce qui pose d'autres problèmes) est nécessaire pour tout projet qui a un minimum d'ambition.

Bien sur vous pouvez aussi considérer que votre métier c'est le développement, dans ce cas la il faut dès le départ chercher un associé complémentaire sur la partie business pour ne pas vous retrouver dans le cas de l'entrepreneur isolé.

L'entrepreneuriat c'est les montagnes russes

Il y a quelques semaines je discutais avec une amie entrepreneuse déprimée par un mauvais coup joué par l'un de ses partenaires vraiment indélicat.

J'avais alors comparé l'entrepreneuriat à des montagnes russes :

Un jour tu es au top, tu visualises le succès.

Un jour tu es en bas, tu visualises l'échec.

Une vraie montagne russe des émotions donc qu'il faut être prêt à encaisser et qui se gère beaucoup mieux quand on a compris que c'est une situation normale et que tout entrepreneur vit (même si nous communiquons à des degrés variables sur les bas).

Après presque dix ans passés à entreprendre j'ai trouvé quelques petits trucs qui permettent de mieux gérer les phases d'enthousiasme extrême et les phases de déception.

Voici quelques petites astuces :

• D'abord sachez que cette alternance est normale, et que tout entrepreneur passe par des phases de doute sur son business, notamment pendant la phase d'amorçage.
• Attendez la prochaine bonne nouvelle : assez étrangement j'ai pu remarquer que le monde était relativement bien fait et que souvent, peu après une mauvaise nouvelle, un bonne nouvelle arrive, il faut juste le savoir et être convaincu que cela va arriver.
• Pendant les phases ou vous visualisez le succès,notez (précieusement) les principaux points qui génèrent cet enthousiasme (un client content, une certaine façon de considérer le marché...) et relisez les pendant les phases de doute.
• "Pas de nouvelle, bonne nouvelle" ne fonctionne pas dans le business - un client tarde à vous répondre, vous n'avez plus de nouvelles d'un contrat important pour vous ? Eliminez le doute en prenant votre téléphone et en appelant. Si il doit y avoir une mauvaise nouvelle autant le savoir vite et passer à autre chose.
• Trouvez vous un bon Advisor. Un advisor est un conseiller externe qui sait ce que c'est que d'entreprendre qui a du recul par rapport à votre affaire. N'hésitez pas à lui parler franchement dans les phases difficiles. Ce point est peut être le plus important et si je n'avais qu'un seul conseil à donner ça serait de se trouver dès le départ un bon advisor.

J'ai lu dans cet excellent essai de Paul Graham, une description que je trouve extrêmement juste.

L'entrepreneuriat y est décrit comme un "Emotional Roller Coaster" ou une montagne russe des émotions.

L'expression "Emotional Roller Coaster" est tirée de cet essai de Paul Graham que je vous invite à lire.